J'ai toujours été très attachée aux objets, qui, nous survivant, me semblent les dépositaires de nos mémoires. Les dépositaires... muets, auxquels je n'hésite pas à prêter la parole. Ainsi d'une armoire de mariage déposée au si joli château-musée de Martainville (qui paraît sorti d'un album de contes illustré par Gustave Doré) et qui se différencie essentiellement de ses voisines en bois régional car le sien venait de ...Riga :
Quand j'ai déplié ma première feuille, il y a très longtemps, l'air était blanc, sec, froid. Il sentait légèrement le sel. J'ai grandi dans cette lumière tremblante, dans ce silence particulier aux pays du grand gel. J'étais bien, arbre parmi les arbres, distrait seulement par le passage des animaux sauvages, et de rares humains. Ils agitaient la forêt de craquements, de fuites légères, de soupirs. De mort parfois.
Mais un jour, ils sont venus en groupe, les hommes. Sans les pièges ni les fusils dont étaient précédemment chargés les solitaires. Ils portaient de grandes scies, objets nouveaux pour moi et qui me parurent beaux quand le rayon oblique du soleil, tombant sur le métal, les fit briller. C'était très harmonieux cette rangée de dents régulières. Un des hommes parvint même à tirer de la musique de cette lame si longue, si fine. Je m'en souviens car c'était la première fois que j'entendais une musique autre que celle du vent et des oiseaux. Depuis, j'en ai écoutée de plus savante, clavecin, orgue, cloches d'églises, chant des petits enfants, mais cette première musique est celle qui demeure la plus précise dans ma mémoire de bois. Peut-être parce qu'elle précéda ma blessure, ma chute, mon départ.
Les hommes, en effet, n'étaient pas venus pour me jouer un concerto sylvestre ainsi que, naïf, je l'avais cru. Ils étaient venus pour raser un pan de forêt. Nous fûmes cinquante à frémir des dents métalliques entrant dans nos peaux d'écorce, et dans notre chair même, jusqu'au cœur. Cinquante à tomber et à descendre, par la mer, jusqu'au grand port.
L'étonnement de ma chute et de mon départ disparu, je redevins attentif à tout ce qui m'entourait. La ville, que mes bourreaux appelaient Riga, était fort animée, bruyante, assez sale. La vie des hommes n'a rien de comparable à la vie des arbres. Ces êtres ambulants sont très agités. Au contraire de nous ils se remettent mal de leurs blessures, ne supportent pas les transformations. Qu'on les hache, les scie, les rabote, les cloue, ils ne s'en remettent pas, deviennent des choses puantes qu'il faut enfouir sous la terre ou brûler, sous peine de contagion. Nous sommes alors, dans ce moment d'adieu à leurs semblables, leurs ultimes compagnons car on les couche dans des boîtes en bois. C'est assez dégoûtant, et je n'aurais pas aimé qu'on fît de moi un cercueil. Mais je regrette beaucoup de ne pas être devenu un violon. J'ai toujours aimé la musique, je l'ai dit. Et les hommes accordent une âme à cet instrument. Vous n'en trouverez aucun pour supposer une âme aux armoires. Ni aux buffets, excusez-moi chers voisins.
On m'a laissé sécher un moment, attente propice à ma réflexion, à l'élaboration de ma philosophie, en même temps qu'interrogation sur mon devenir ; et puis on m'a débité, comme un de ces saucissons dont mon ultime propriétaire était si friand, débité sur la longueur, seule différence.
C'est dans cet état que j'ai voyagé vers des cieux plus cléments. A dire vrai, des cieux, je ne vis rien durant le voyage. Car j'étais dans la soute du bateau qui m'emporta. Ce fut le plus dur moment de ma vie car, outre que je n'avais plus d'identité - je n'étais plus un arbre, et pas encore un meuble - je vivais dans l'obscurité d'un séjour exigu. Et je puis vous assurer que non seulement les armoires et les buffets ont une âme, mais que les planches peuvent être claustrophobes, avoir peur du noir, comme les petits enfants, et craindre le mal de mer.
Il n'y eut guère que les rats pour me divertir durant le voyage : leurs pattes fines courant sur moi ma chatouillaient agréablement, leurs jeux me distrayaient. Très franchement, cette espèce est assez proche des hommes, et si on m'avait taillé en porte-plume j'aurais écrit un essai comparatif.
Enfin, j'atteignis Fécamp. On me déchargea sur le quai. Il y soufflait une haleine de poisson séché tout à fait effroyable, et la jeune fille qui passa près de moi, parfumée à l'eau de lavande, me sembla la seule créature céleste de ce lieu voué à la morue. Son père l'accompagnait, jovial, rubicond, joyeux, qui m'échangea contre une poignée de billets tirée de sa vaste blouse bleue. Il ne sentait pas le poisson, mais la vache, le lait, l'herbe des prairies, la feuille du peuplier en automne - vous savez : ce moment où son odeur s'imprègne du sucre de la mort. Il sentait le cidre également, boisson qui m'était alors inconnue. J'entretins un moment l'espoir d'être transformé en barrique, bien que l'obscurité de la cave me rappelât fâcheusement la soute du bateau, et que l'ivresse, pour ce que j'en ai constaté, est proche du tangage maritime.
J'étais réservé à plus noble destin : je devins armoire de mariage pour la jeune beauté parfumée à l'essence de lavande.
Dans ce pays-ci, l'armoire est le symbole de la richesse des filles. Ce ne fut donc pas une mince affaire que décider du décor de mes portes. Mettrait-on des colombes, des épis de blé, des cornes d'abondance ? Quand enfin on tomba d'accord (le père tenait aux épis, la fille aux colombes), il y eut de nouvelles discussions - avec la mère cette fois - pour le trousseau. Combien de draps, de torchons, de nappes, de serviettes ? Et, surtout : quelle qualité ? Quel type de broderies pour le chiffre ? Quelle quantité de jours de Venise ? J'avoue avoir perdu le fil de ces conversations, faute de posséder tout le vocabulaire technique, mais je regrettais cependant, une nouvelle fois, de n'être pas taillé en porte-plume, pour rédiger un opuscule sur la symbolique des objets. Enfin, on m'emplit de linge jusqu'à la gueule (pardon : jusqu'à la corniche. Ma longue cohabitation avec les hommes m'entraîne parfois à pratiquer l'anthropomorphisme lexical). Et la jeune fille déposa des sachets de lavande entre les piles de toile neuve.
Au jour de la cérémonie, j'embaumais : fleurs séchées à l'intérieur, cire du monastère à l'extérieur. On ouvrit mes portes devant la noce au grand complet et la richesse de mon ventre fut bruyamment applaudie. La mariée était rose de plaisir. Et les hommes rouges de boisson. On me laissa bailler tout le jour, la nuit, et encore le lendemain, car les agapes furent considérables. C'était très joli cette table dressée dans la prairie. Et par bonheur il y eut un peintre parmi les invités. Ma chère jeune fille est à présent au musée, toujours belle, éternellement jeune, sur une immense toile intitulée Repas de noces à Yport.
Moi, je l'ai vu pâlir, flétrir, mourir. Ses petits-enfants ont eu des querelles me concernant. J'ai été déplacée, oubliée, mise en vente. J'ai failli servir de poulailler. Mais après toutes ces tribulations j'ai finalement été sauvée. Et je coule à présent des jours paisibles, avec quelques collègues autochtones, dans un château de pierres et de briques qui ressembla à l'illustration d'un conte ancien. Mes flancs sont vides, car je n'ai plus d'usage domestique. Je suis dans un musée, comme ma jeune fille. Je ne sers plus qu'aux rêves, et à la mémoire, qui est encore le rêve, conjugué au passé...
J'écrivis ces Mémoires de bois une dizaine d'années après avoir fait une visite mémorable - la première d'une longue série - au château-musée de Martainville, dont le conservateur-fondateur était un de ces passionnés si indispensables à la préservation de notre patrimoine (voir Daniel Lavallée)...
Dans ce texte j'ai aussi, pour la première fois, fait apparaître un tableau, sur lequel j'ai ensuite beaucoup écrit (voir Repas de noces à Yport), et dont j'emporte souvent une reproduction dans les ateliers d'écriture que j'anime, particulièrement ceux des classes Maupassant.
Des objets moins nobles qu'une armoire de mariage peuvent avoir droit, eux aussi, à ma tendresse, par exemple cet épouvantail d'un pré jurassien :
Aujourd'hui, j'ai étrenné une nouvelle salopette. Grise, avec mon nom marqué dans le dos, en rouge. Sept lettres, c'est un chiffre qui porte bonheur. D'autant que le O contient un dessin de coccinelle. Je suis paré contre le malheur. J'ai également eu droit à un chapeau en feutre sombre, pour remplacer celui en paille, envolé pendant une tempête. Evidemment, il n'est pas plus neuf que le précédent, mais je me trouve assez chic. J'ai aussi des lunettes noires, comme on en porte par nécessité pour affronter le soleil, ou par coquetterie aux enterrements, afin de cacher ses larmes. Finies les pleureuses à l'antique, qui se lacéraient le visage, à présent les veuves demeurent pudiques, pimpantes, reniflent avec discrétion dans leurs mouchoirs jetables ; il n'y a plus que les vieux à ôter leurs casquettes quand passe le corbillard, c'est amusant de voir la démarcation entre leur front hâlé et leur blanche calvitie. Moi, sous mon Borsalino, je dois avoir le genre gangster, comme dans les feuilletons américains. Je suppose, parce que je n'ai pas la télévision. Ni la radio. Encore moins le téléphone. Tout ce que j'apprends, c'est par bribes, ouï-dire, soit que le vent m'apporte la rumeur du village, soit que les enfants viennent muser chez moi après l'école, pendant les vacances. Je sais tous leurs jeux, tous leurs secrets. Mais je ne répèterai rien ni aux parents ni à l'instituteur. On me croit muet, je suis seulement prudent. J'ai l'expérience de l'âge, je suis l'Ancien de la communauté. J'y ai du mérite, car elle n'a guère pris soin de moi. On m'a toujours soupçonné de mal tenir mon emploi, je n'ai été payé que de reproches. Aucune tendresse ne m'est jamais venue des humains. Mes seuls amis ont été les animaux. Les vaches, particulièrement. Elle sont si paisibles, occupées à ruminer dans les boutons d'or, telles des philosophes soliloquant. Et si attendrissantes avec leurs veaux à la mamelle. Elles ne soupçonnent rien du martyr qui les attend à l'abattoir. J'ai vu des troupeaux disparaître, brutalement emmenés dans des camions où on les poussait à coups de bâton. Elles meuglent de terreur. Et je ne peux rien pour elles. D'autres les remplacent, qui paraissent identiques. On appelle ça la pérennité des champs. Elle dure depuis Virgile. Un plus vieux que moi, je ne l'ai pas connu. Un transalpin, comme les ouvriers agricoles qui venaient s'embaucher au début du siècle. Des journaliers, dont les autochtones avaient peur. Autochtone : le mot fait savant, j'aime bien. Je n'ai pas été scolarisé, mais je prétends posséder un vocabulaire étendu. J'ai un temps porté une blouse de maître d'école, avec des grilles de mots croisés dans la poche, ça m'a soutenu dans ma volonté d'apprendre. Mon savoir est éclectique, empirique, mais suffisant pour la vie simple que je mène. Je suis le rythme des saisons, m'accommodant des nuits courtes en été, du froid pendant les mois d'hiver. Ce sont les ondées, les averses, le crachin que je crains le plus, personne n'ayant eu l'idée de m'offrir un parapluie. On ne devine rien de mes souffrances, de mes désirs. Je ne me plains jamais. Même quand le chien du fermier pisse contre mes jambes de pantalon. Il ne viendra pas aujourd'hui, son maître l'a attaché, je l'entends qui proteste à s'en étrangler. J'espère que les chèvres son également bien arrimées à leurs piquets, car leur audace m'effraie : elles poussent parfois leur museau dans l'interstice de mes vêtements. Elles ne pensent qu'à s'échapper pour goûter les herbes de la montagne, elles n'ont pas dû lire Alphonse Daudet car elle sauraient alors que le loup peut les croquer. Mais on dit que les loups ont disparu, impitoyablement chassés par les hommes, qui ont divisé les animaux en deux catégories, conformes à leurs besoins : les nuisibles et les utiles. Moi je n'ai aucune prévention contre les loups et les renards, même si je leur préfère les vaches ; et les chats, si élégants, si précautionneux quand ils traversent l'herbe haute des prairies, quand ils guettent les papillons sur les bouquets du cimetière.
De même que j'ai vu disparaître des troupeaux de vaches, j'ai contemplé bien des cortèges funèbres. A voit ainsi défiler les générations, je sais parfois de qui je porte les habits. Ils sont toujours de troisième choix : neufs ils couvrent les riches, usagés ils passent aux pauvres, troués ils sont pour moi. Les raccommodeuses ont disparu. Comme les brodeuses. Et les lavandières. C'était pourtant joli les reprises soignées, les motifs au point de bourdon, les jours de Venise, les chiffres fleurissant les trousseaux en toile de lin ; et le linge séchant au vent des prés, sur les fils tendus entre les pommiers ; les silhouettes penchées sur l'eau, claquant du battoir sur la lessive mousseuse ; les bulles de savon au fil de la rivière. Même le bedeau n' plus cours, les cloches ont été électrifiées. Et les amoureux ne viennent plus pique-niquer en écrasant les marguerites de leur nappe blanche. Bref : malgré Virgile et mes amies le vaches, la pérennité des campagnes n'existe plus. Et moi, l'épouvantail qui sert parfois de nid aux oiseaux, je sais que mon temps est compté. Le fermier l'a dit en me donnant ma nouvelle tenue : c'est la dernière. La saison prochaine, il faudra mettre le champ en jachère, tu prendras ta retraite.
Ces hommes de paille ont en effet disparu. Mais un village de Seine-Maritime les a remis à l'honneur depuis 1994 : à Blosseville-sur-mer, un concours d'épouvantails a lieu chaque été, qui draine vers ce village les nostalgiques, les inventifs. Et les touristes.
Tous les objets ne sont pas aussi muets que je le prétends (leur prêtant alors cette voix intérieure qui est la mienne). Il en est qui produisent des sons, de la musique, et ré-orientent parfois la destinée d'un village :
Ma mère m'a enfermé sous le toit, que je n'aille point approcher les troupes dont je suis si curieux. Elle craint pour moi l'arquebusade, le tir de couleuvrine, le fer du lansquenet, le sabot du cheval, l'écrasement du fantassin. Elle craint la bataille, et l'issue de la bataille, car elle prétend que le vainqueur, quel qu'il soit, viendra piller. Ne trouvant point d'or, ni quantité suffisante de blé, il volera notre vache unique, nos deux moutons et nos trois chèvres, il violera ma jeune sœur et mettra le feu à notre maison.
Ma mère m'a enfermé, avant que d'aller s'enclore dans l'église du village, Notre Dame des Egarés la bien nommée. Elle brûleront des cierges plus qu'à Pâques ou Noël car elles s'obstinent en la foi catholique quand le mode est plutôt à la huguenoterie. Notre vieux curé tremble, fait des vœux pour la Ligue et le triomphe du gros Mayenne, qui, dit-on, passe plus de temps à table que le Roi Henri en son lit.
Mon père est pour le Béarnais. Il en a la tête toute échauffée, mais n'a voulu, non plus, me délivrer, parti lui aussi veiller avec les autres hommes. Leur église à eux est le moulin, dont le froment figure l'hostie sacrée, qu'ils gardent de leurs fourches contre les rôdeurs nocturnes. Brigands et ribaudes suivent toujours les armées, la nuit est leur complice, avec le cri du hibou et la plainte du loup. Qui réchappe du fer, du feu, de la famine peut encore périr de la vérole.
Et moi je ne veux pas risquer d'être enfumé sous le toit, comme renard en son terrier. C'est séjour bon pour greffier croqueur de mulots, ou petits d'hirondelles en leurs nids de torchis. La troupe migratrice est arrivée d'hier, venant du sud comme le nouveau Roi. Le camp du Béarnais est à Foucrainville, qui n'est pas à deux lieues de mon grenier. Je connais tous les chemins, les sentes, les sillons, et si je me pouvais échapper, je verrai l'aube éclairer la tente royale et le vent du matin agiter les cornettes comme il fait des bannières de processions. La peste soit de ma mère et de sa prudence. Je veux sortir.
Je vais sortir. Avec mes mains j'agrandis le trou qu'a un jour ouvert la foudre sur le pignon regardant l'ouest. Le trou qu'avec mon père et mon oncle le chantepleurier nous avions si bien colmaté de fougères en attendant d'y remettre du chaume. J'aperçois le ciel et je me hisse vers lui, tremblant d'effort et de joie. Ma mère, ma mère, prie pour ton fils, qu'il ne se rompe le cou, se brise un membre en sautant sur l'appentis qui tient nos bêtes enfermées pour la nuit. La tête entre mes deux bras, le corps roulé comme un nouveau-né, je me laisse choir sur les planches moussues. Elles craquent sous le choc, et les moutons bêlent, mais personne n'est là pour entendre mon bruit ni leur peur. Je suis libre de courir vers le Roi, sous les étoiles guidant mes pas silencieux. Mes pieds enfoncent dans la boue, se brisent aux cailloux, se griffent aux ronciers, mais je ne sens point la douleur car je porte aux talons la corne des paysans, qui ne chaussent sabots qu'aux jours de fête.
Je n'avais d'yeux et d'oreilles que pour les feux des bivouacs et les rumeurs du camp, dont j'approchais. C'était comme un long serpent de tentes, ayant coulé ses nœuds dans la plaine, et qui s'en irait étrangler l'ennemi. Dans ma poitrine mon cœur cognait de joie et d'impatience. J'ai quitté mes longues foulées de chat prudent pour une course de choit étourdi. Je ne me méfiais pas du silence et de l'obscurité régnant autour des bâtiments à Michaud, le meunier de Foucrainville. J'ai entendu une branche brisée, un cri : Qui vive ? Il était trop tard, j'étais pris. Le silence et l'obscurité régnant protégeaient le sommeil du Roi, qui dormait sur une paillasse, chez Michaud. On a cru d'abord que j'étais un espion, on a parlé de me pendre à un poirier. Le meunier a heureusement répondu de moi. On m'a seulement bouclé dans une grange, où il y avait déjà trois ribaudes et un lansquenet. Les filles dormaient dans leurs jupes crottées, l'homme blond pleurait. Je crois qu'il appelait sa mère, dans sa langue barbare que je ne comprenais pas. Moi j'étais seulement furieux d'avoir échoué si près du but, et de me retrouver plus sûrement enfermé que dans mon grenier.
Malgré la fatigue de ma nuit et ma longue course, je n'ai pas dormi. J'écoutais cet étrange silence qui protégeait le Roi. Il a soudain été brisé par le galop d'un cavalier apportant la nouvelle que l'ennemi repassait la rivière d'Eure. Le Roi s'est levé. Un autre cavalier a suivi, démentant la nouvelle. Il était trop tard pour dormir encore. Le Roi est sorti dans la cour. Je l'ai aperçu par l'interstice de deux planches mal jointes. Il a mis son armure, est monté sur son cheval. Le canon a tonné trois fois, pour que chacun fasse seller, se tienne sur sa monture, gagne le champ de bataille. C'est Michaud qui m'a raconté tout ça, plus tard. Le Roi s'est enfoncé dans la lumière de l'aube, ayant coiffé un chapeau à blanc panache. Un chapeau de cent écus, avec une pierre d'améthyste et des perles. Un chapeau qu'on verrait fendre les rangs ennemis et qu'on suivrait pour une écrasante victoire. Moi je n'ai rien pu observer de cette bataille où s'affrontaient vingt cinq mille hommes et sept mille chevaux. Monsieur le Duc de Sully lui-même en ignora un moment l'issue quand, blessé pour la quatrième fois, il ne dut son salut qu'aux branches basses d'un poirier où il s'alla mettre à couvert. Le poirier peut-être, où, sans le témoignage de Michaud, on m'aurait pendu.
Quand la victoire a été certaine, on m'a relâché, ainsi que les ribaudes. On a emporté le lansquenet vers son destin ; C'est le seul que j'ai connu vivant. Tous les autres gisaient, massacrés dans la plaine, noyés dans la rivière. Jamais je n'avais vu tant de morts, et jamais champs n'avaient reçu pareille averse rouge, sang des bêtes et des hommes mêlés. Tant de chevaux tués, dont un seul aurait fait notre bonheur ! J'ai vomi sur des tripes fumantes. L'air si pur du printemps, dont j'avais respiré les parfums lourds pendant ma course nocturne, l'air sentait la merde. Et il flottait sur tous ces cadavres le brouillard âcre de la poudre. Je n'oublierai jamais. Toute ma joie de l'aube, ma joie d'avoir aperçu le Roi était tombée. J'ai songé à ma mère, qui devait demeurer en souci de mon absence. J'ai décidé de rentrer. Mais je me sentais coupable, je ne voulais pas revenir les mains vides. J'ai ramassé un fifre. Un joli fifre en buis, tombé des lèvres d'un musicien. Un bel enfant, qui avait joué gaiement à l'avant des troupes, comme tous les autres fauchés avec lui. Quel curieux usage fait-on de la musique ! J'ai ramassé un second fifre, un troisième ; Et un flageolet, une bombarde, une musette, tout ce que pouvait contenir ma chemise. Je m'essaierai à jouer, pour ma mère, les berceuses dont elle endormait mon jeune âge. Et avec mon oncle le chantepleurier, qui tourne si bien le bois, nous ferons des copies de ces instruments, pour qu'un jour les filles viennent danser sur le champ de bataille, quand la terre aura bu le sang, dissout les morts, reçu le grain et que la nouvelle moisson aura rendu son visage familier au paysage. Et mon fils, et les fils de mes fils, je le jure sur ce jeune mort dont j'ai pris le fifre, feront la même chose que moi. Pour que, les siècles passant, seul demeure le souvenir de la musique.
Cette bataille d'Ivry terminée, où Henri IV porta ce fameux panache blanc, après avoir dormi dans la paille d'une ferme (qui existerait toujours, que j'ai cherchée) et où Sully, blessé, se mit à couvert d'un poirier, le village de La Couture-Boussey (déformation phonétique de : la culture du buis) se consacra effectivement à la fabrique d'instruments de musique. Encore aujourd'hui, où il présente également un musée. Je m'y rendis la première fois pour un atelier d'écriture (voir, dans cette rubrique, le texte Vibrations), y apprenant les curieuses origines de cette vocation
Notre seigneur est mort sur le champ de bataille. La nouvelle en est arrivée trois jours plus tard. L'estafette du malheur est passée devant notre moulin, à l'heure la plus chaude, et n'a pas résisté au bruit cascadant de l'eau dans la roue. Son cheval écumait, et lui-même ne valait guère mieux. Ils se sont rafraîchis, et mon maître, apprenant de quel funeste message ils étaient porteurs, a proposé de tarder un peu, le temps de partager notre repas, et de ne point gâter le dernier que dame Hélène passait encore dans l'ignorance de son veuvage. Le pot de vin servi au soldat, chassant la fatigue, lui a délié la langue, et il nous a conté l'horreur d'où il venait : les morts, les blessés, les cris, la pestilence, le grand champ baigné de sang au crépuscule et sur lequel le matin avait été si beau, dans la musique des fifres et des tambours, l'assurance de la victoire. Il n'a pas su dire pourquoi la chance avait tourné : dans la confusion de l'étripade chaque homme ne pense qu'à sauver sa peau et le corps à corps nuit à la vision d'ensemble. Il n'a compris la déroute qu'en entendant sonner la chamade. Et ce signal de la défaite probable ne l'a d'abord assuré que de sa sauvegarde. Il s'est replié, avec le reste de la troupe; et les chefs, bientôt, se sont rendus à l'ennemi, mettant un terme à l'affrontement. Ils sont demeurés prisonniers, et l'armée, décapitée, s'est vivement dissoute, les mercenaires n'hésitant pas à changer de camp, lors que les fidèles, comme lui, cherchaient encore à servir. Triste mission que la sienne, nous l'avons laissé repartir le cœur serré.
Nous n'avons rien su de la pâleur soudaine, et des larmes, du sommeil enfui, car l'estafette n'est pas repassée par le moulin. Mais la chose était facile à imaginer. Trois jours ne s'étaient pas écoulés, et la dépouille du défunt n'avait point encore été acheminée, que mon maître a été convoqué, pour un travail que l'épouse endeuillée voulait lui faire exécuter. J'étais à pétrir l'argile avec le second apprenti quand il m'a ordonné : « Toi, tu viens avec moi. » J'ai obéi, essayant de cacher à l'autre ma joie violente. Car je ne doutais plus que mon maître, par ces simples mots, me désignait pour son successeur. Aucun fils ne lui était venu, auquel il aurait pu transmettre son savoir, et cet héritage de faire perdurer le métier me serait dévolu.
Jamais matin ne me parut si beau lors que je faisais route avec lui, nos sabots dans la poussière de l'été. Je n'osais poser de questions, troubler les pensées du maître, qui n'est pas bavard. A la dérobée je regardais parfois son visage, espérant y lire ses émotions, mais il ne trahissait rien. Dans l'avant-cour du château, nous nous sommes arrêtés au puits, pour passer un peu d'eau sur nos visages barbouillés de sueur. Et, entrant dans la fraîcheur de la grande salle, nous avons ôté nos bonnets. Je n'étais jamais venu, et mes yeux, encore éblouis du grand soleil, distinguaient mal les tapisseries, les sculptures du manteau de la vaste cheminée. La dame a paru, dans son deuil blanc, et son visage à peine rose semblait quelque fruit délicat posé sur de la crème battue. Elle a commandé de grands carreaux, pour le sol de la chapelle, où devait être inhumé son mari. Elle les souhaitait richement ornés, de dessins compliqués, de couleurs vives, qui glorifieraient le défunt. Le maître a proposé de revenir, avec des ébauches. Mais elle a tranché qu'elle faisait confiance à son talent, dont il avait déjà fourni des preuves, et que sa seule exigence était un travail prompt : « N'épargnez pas votre temps, et vous serez largement récompensé. » J'ai vu le visage de mon maître, jusqu'alors impassible, se friper, car cette promesse de largesses, qui eut fait rayonner tant d'autres hommes, le blessait un peu. Il a osé répondre que la richesse n'était point la carotte qui le faisait avancer. La dame alors a souri, ajoutant : « Nous savons que vous n'êtes pas un âne, maître Jacques, et donc n'en montrez point l'entêtement. » A ces paroles, j'ai souri à mon tour, et la dame a enfin posé les yeux sur moi. Sous ce regard, je me suis senti foudroyé. J'aurais voulu disparaître, pour cacher le feu de mes joues, et, dans le même temps, j'aurais souhaité que le temps s'arrêtât, comme dans les contes, pour demeurer toujours sous cet empire des deux iris bleus.
Nous avons repris notre chemin vers le moulin, mon maître et moi, et nous semblions avoir échangé nos âmes, car lui, d'ordinaire taciturne, parlait d'abondance, évoquant ces carreaux, déjà naissant dans son esprit, alors que moi, tout au souvenir de la dame, je restais muet. Il demanda finalement, alors que nous faisions halte dans un pré, sous l'ombre d'un poirier, pour une petite collation qu'on nous avait remis en cuisine : « Aurais-tu perdu ta langue dans le seau du puits, mon garçon ? » Je me défendis que je réfléchissais au travail à venir. Et comme il voulût savoir, j'inventais incontinent des idées dont je n'avais pas le soupçon l'heure d'avant. Il m'écouta attentivement, comme je m'écoutais moi-même, car il me semblait être alors deux personnes : l'une, qui m'était connue, devisant la bouche emplie de fromage, et l'autre, inconnue, secrète, vagissant dans ses troubles comme un nouveau-né dans les eaux de sa mère.
Quand nous sommes arrivés, nous avons trouvé le four éteint car le feu n'y avait pas été entretenu. Le second apprenti avait disparu. Mon maître a juré que toute une cuisson de plats était perdue, et qu'il fouetterait le coupable dès qu'il reparaîtrait. Il ne reparut pas, et nous comprîmes qu'il avait pris la route définitivement, sans doute furieux de la préférence qui m'était accordée.
Nous nous mîmes au travail dès le lendemain. L'argile fut compressée dans les cadres de bois, déposés au soleil. Et tandis que cette pâte séchait, nous commençâmes à dessiner sur les papiers de chiffon, que nous produisions à la cuve. Le soleil ayant fait son office, les carreaux furent ôtés de leurs cadres, grâce à la petite charnière permettant leur ouverture. Ils furent cuits, tandis que nous mélangions le bain d'émail dans lequel ils seraient ensuite plongés. Mon maître avait accepté mes deux dessins, sans y trouver à retoucher, et nous préparâmes nos poncifs en silence, les perçant de ces petits trous d'aiguille, qui nous serviraient de repères, car, à ce stade, aucun repentir ne serait possible. Je craignais de voir ma main trembler, et, avant de commencer je bus une infusion de tilleul, pour m'assurer du calme nécessaire à ce bel ouvrage. Mon maître semblait maussade, car il n'était pas complètement assuré que je le seconderais parfaitement, et je savais qu'il ne me confiait d'œuvrer comme son égal que poussé par la nécessité de respecter la date de livraison fixée par la dame. Mon poncif posé sur le premier carreau, je poussais doucement le petit sac de toile empli d'une poudre de charbon, qui s'infiltra dans les trous d'aiguille. J'ôtais ce papier, révélant alors le dessin porté sur le carreau, identique à celui du poncif. Je fus satisfait de constater que j'avais bien mesuré mon geste, que le trait obtenu était régulier, nulle coulure n'étant venu l'épaissir. Je pus alors, entre ces lignes, déposer les couleurs obtenues avec les oxydes d'antimoine, de cuivre, de cobalt et de fer : pour le fond, ce beau jaune m'évoquant le jour de soleil où j'avais rencontré la dame; pour la bordure, qui semblait une dentelle et n'était que la répétition d'un motif en forme de cœur, le bleu des iris qui m'avaient foudroyé; et ce bleu se retrouvait aussi à l'intérieur de quelques formes laissées dans leur blanc d'origine, afin de feindre du relief, grâce à cette tromperie d'ombres portées. J'usais peu du vert, cette couleur d'espérance m'évoquant le pré où nous avions mangé notre fromage, sous le poirier; et je fus avare du rouge, qui, selon la symbolique en usage, aurait pu me trahir. Quand j'eus terminé, je constatais que mon poignet était raide, mon dos douloureux, et mes aisselles trempées de sueur. Mon maître était tranquille. Nous avions travaillé sans parler, comme si nous eussions été deux moines enluminant, contraints à la règle du silence. Et j'avais cessé d'entendre le chant de l'eau, les trilles des merles, le bourdonnement de nos abeilles autour des ruches.
Nos carreaux furent enfournés, pour être cuits à grand feu. Je ne quittais pas le four, approchant souvent mon visage des petites ouvertures ménagées pour le regard. Mon maître, repu de fatigue, m'avait abandonné cette surveillance, afin de se reposer quelques heures. Je fus récompensé de ma vigilance : la cuisson était parfaite. Nous défournâmes ensemble. Et mon maître arrosa notre joie d'un pot de vin, le même qu'il avait servi à l'estafette le mois d'avant.
Quand vint l'échéance, il emprunta charrette et mule au carrier, pour assurer la livraison des soixante-quatre carreaux, qui répétaient huit dessins différents. Nous les couchâmes dans un lit de paille, afin que les bosses du chemin ne les fissent pas se heurter. Nous épargnâmes l'animal, qui était vieux, d'un poids supplémentaire, en marchant à ses côtés plutôt que de nous poser dans la charrette. Peut-être avions nous aussi besoin de mouvoir nos corps, après tout ce travail immobile, et dans l'impatience de le montrer. Nous fîmes halte sous le poirier, car nous n'étions pas attendus avant le mitan de l'après-midi.
La dame parut très contente. Elle regarda longuement chaque dessin, particulièrement les miens, et posa beaucoup de questions. Pourquoi avais-je sur les carreaux représentant la tenue de bataille du seigneur, mis un carquois vert, bordé de rouge, hérissé de flèches, alors que j'avais omis la longue épée? Pourquoi les oriflammes semblaient-ils battre joyeusement dans le vent? Pourquoi le flambeau n'était-il pas éteint, mais brûlait-il d'une vive flamme rouge, alors que le seigneur était mort? Je bredouillais que je n'avais pas de connaissance véritable quant aux armes et que j'avais préféré montrer la joie d'avant la bataille plutôt que la tristesse de la défaite. La dame parut se satisfaire de cette réponse et passa aux carreaux conçus par mon maître. Puis elle se pencha sur le second des miens, où j'avais placé, au centre, le même genre de motif que sur le précédent, mais en plus petit, et gardé par deux grandes chimères, surmonté d'un visage barbu, ailé, auréolé. Carquois, flambeau, casque avaient disparu, un cimeterre soutenait l'armure et le pavois. La dame négligea de commenter cette partie guerrière de mon travail, s'attardant à contempler les blanches chimères, dont les pattes et la queue s'achevaient en vert feuillage, et qui portaient également, sur la tête, derrière leurs oreilles faunesques, une excroissance courbe, feuillue, fleurie. Elle ne posa non plus aucune question sur ces monstres, passant seulement sa main sur eux, comme elle aurait caressé la genette familière, qui la suivait parfois. Je me sentis rougir autant qu'à notre première rencontre. Elle demanda pourquoi l'ange était barbu, alors que la tradition voulait qu'une telle créature présentât un visage enfantin. Je répondis que ce n'était point un de ces assistants célestes, mais Dieu lui-même, accueillant l'âme du défunt. Elle parut flattée de ma réponse. Nous nous rendîmes ensuite à la chapelle, en compagnie du maçon, également convoqué, et qui n'avait dit mot. La dame pria un moment, agenouillée devant l'autel. Un mur était percé d'une ouverture, qui attendait un vitrail, et un oiseau entra. Il ne sut retrouver cette ouverture, et, s'affolant, se cogna partout. La dame se releva, suivit un moment ce vol désordonné, et nous supplia : « Par pitié, saisissez-le avant qu'il ne se tue. » Ce ne fut pas difficile, car, au moment où elle dit cela, il se posa sur son banc de prière, à demi assommé. Je fus plus vif que mes deux aînés, cueillis le malheureux dans le creux de mes mains. Avant de le relâcher je l'approchais un peu plus de la dame, pour qu'elle vît bien qu'il était encore vivant. Touchant d'un doigt léger la tête minuscule, qui ouvrait un oeil inquiet, elle effleura ma main. Il me sembla que j'étais aussi terrifié que l' hirondelle prisonnière. Elle demanda si l'un de nous savait vers quelles terres étrangères disparaissaient les troupes migratrices chaque automne. Nous avouâmes notre ignorance. L'oiseau relâché, nous nous penchâmes vers la dalle mortuaire, qui attendait notre beau pavage. La dame disparut, tandis que nous commencions de poser nos carreaux.
Je ne l'ai jamais revue. Pourtant je n'ai pas quitté le moulin, qui appartient à son domaine, et où j'ai à présent trois apprentis. Mon maître y est mort il y a quelque mois, très vieux. Il ne parlait plus du tout et ne quittait pas sa chaise, car ses jambes ne lui obéissaient plus. Une servante, que j'avais prise à demeure, s'occupait de lui, et, chaque soir, je passais un long moment en sa compagnie, car il entendait encore et, si ses traits demeuraient figés, son oeil trahissait qu'il était bien ému de mon attention, quoi que je lui contasse.
On dit que la dame s'en est allée plus au sud, et j'ai longtemps espéré son retour quand les hirondelles, chaque printemps, repeuplaient les nids des étables. Elle n'aura rien su de mon amour. Mais il est inscrit, pour toujours, au revers des pavés de sa chapelle, car j'y ai entrelacé le H de son prénom, et le D du mien. M'en souvenir m'a aidé à vivre.
Un ami m'offrit très spontanément ces carreaux, qu'il avait trouvés dans un grenier, et dont il ignorait tout. J'écrivis cette nouvelle pour le remercier. Et comme je suis un auteur sérieux (oui, oui !) , en préambule, je menais une enquête pour connaître l'origine de ces carreaux, consultant artisan faïencier, experts auprès d'antiquaires, puis Internet. Dans un premier temps, on me les prétendit datant de la Renaissance, et je situais mon texte à cette époque, même si, dans un second temps, on m'assura qu'ils étaient des copies de carreaux du XVI°, faites dans une fabrique de Desvres ayant fonctionné entre 1860 et 1915. L'étonnant est qu'ayant commencé ma nouvelle avant d'en avoir terminé de ces recherches (mon sérieux est souvent bousculé par mon impatience !) je crus inventer ce personnage de veuve, qui exista bien, au château d'Oiron (dont les carreaux sont célèbres, et dont la marque des miens sembla initialement attester cette origine). Elle s'appelait Hélène de Hangest, et son mari Artus Gouffier ; leur fils, écuyer d'Henri II aurait servi de modèle au marquis du Chat Botté . Comme quoi : on n'invente jamais rien, et on en revient toujours aux contes...
Mais quel internaute saura me dire exactement si cette marque de fabrique des carreaux (ci-dessous) est finalement celle du Moulin de Hangest ( 1525-1560, disparu, mais proche de Saint-Porchaire et du château d'Oiron) ou les initiales entrecroisées d'Henri II et de Diane de Poitiers, ce qui orienterait vers le château d'Anet où vécut la très célèbre maîtresse royale, que j'avais déjà rencontrée en rédigeant La Nuit d'Etelan, long monologue nocturne de Catherine de Médicis ?
Je constatais, relisant ce texte ultérieurement, qu'il pouvait figurer une suite du Fifre, le seigneur mort dans la défaite pouvant alors avoir appartenu aux troupes de Mayenne... Des fils se tissent, inconsciemment, d'une nouvelle à l'autre, à des années d'écart.