MADAME LA COMTESSE PRÉFÈRE LE JAZZ

Douze ans s'écoulèrent entre la parution de mes 3° et 4° roman. Je n'avais pourtant pas cessé d'écrire. Mais j'avais persévéré dans un genre abordé très tôt (1970) : la nouvelle. Ce genre qui a beaucoup de succès dans les littératures anglo-américaine et espagnole d'Amérique du sud n'est pas, en France, aussi prisé que les romans. Les éditeurs sont frileux à les publier, et, aux dires d'un libraire que je ne nommerai pas « les lecteurs sont paresseux car c'est plus inconfortable à lire qu'un roman : il faut sans cesse une gymnastique mentale ». Je dus donc me résoudre, pour mes nouvelles (dont on pourra lire une grande partie dans l'abécédaire) à la dispersion. Elles ont été publiées dans des revues, journaux, recueils collectifs. Certaines ont eu des prix, ont été lues en public. Mais quand je les regroupais pour les présenter à un éditeur, la réponse était négative. Même pour ma dernière tentative, avec une préface d'Howard Buten.
J'avais aussi découvert un nouveau bonheur, à dater de 1993 : les ateliers d'écriture (voir à cette rubrique dans l'abécédaire) avec des élèves, de la maternelle à la terminale.
Qu'on n'oublie pas également que j'avais toujours, volant du temps que j'aurais pu consacrer à l'écriture, une indispensable activité alimentaire : entrée à la bibliothèque universitaire en octobre 1968, je n'en suis partie qu'en mai 2007 !
Qu'on se souvienne enfin que l'industrie du livre a connu une croissance pléthorique (en quantité si ce n'est en qualité !) : je constate, rouvrant mes press-book pour constituer ce site, qu'à la rentrée littéraire de septembre/octobre 1980, les éditeurs ne proposaient qu'une centaine de titres (dont 20 premiers romans - mon « Mado » en était), chiffre multiplié par ... 7 un quart de siècle plus tard ! Et dans ces titres proposés chaque année, la littérature de fiction a nettement régressé, au profit des témoignages divers. En tête des ventes au moment où j'écris ces lignes (février 2008) : trois titres consacrées à Cécilia Sarkozy !
Donc mes lecteurs de roman durent patienter (ou m'oublier !). Mais enfin mon Satin Doll parut, en 1999, aux éditions du Rocher, sous le titre :

Madame la comtesse préfère le jazz

... dont la critique rendit compte :


Sans noms d'auteurs, dans les journaux suivants :


Signé J. Guichard, dans Le Maine et Le Courrier de l'Ouest :

Fugue en jazz

Saki est mort, P.G. Whodehouse en a fait autant, Tom Sharpe publie encore, mais il s'essouffle et la série « Map et Lucia » est toute publiée. Le genre (humour anglais et distancé, verve féroce au service d'une histoire sans aucune importance mais dont on ne saurait se passer) est à l'agonie. « Etait » moribonde. Les auteurs précités ont un avatar. Dans la même veine. Le bonheur.
Soit donc une châtelaine qui s'enfuit du donjon familial au bras d'un musicien de jazz, crypto « soixante-huitard » à prédisposition pour le fromage de chèvre et les pulls tricotés avec les doigts. Comme madame ne peut se passer de sa jument favorite, le cheval est de l'escapade.
La fille de la particule en fait autant avec un autre artiste roturier. Monsieur donne l'impression de se consoler avec une dame qui s'est amourachée de sa cave (en fait du contenu d'icelle). Les gendarmes soupçonnent le crime sordide. Le détective privé enquête du côté du détournement de fonds. C'est très drôle et ça suffit.
P.S. Ne pas chercher de message subliminal.